Les estimations de la Banque de France indiquent une inflation sous les 2 % d’ici la fin 2025, après une période de forte volatilité entre 2021 et 2023. La Commission européenne confirme une stabilisation progressive, mais pointe des incertitudes majeures liées au marché de l’énergie et aux tensions géopolitiques.
Certains économistes rappellent que les prévisions restent fragiles, en raison de l’évolution imprévisible des salaires et des matières premières. Les dernières projections tablent sur une croissance modérée, avec une inflation maîtrisée, tout en soulignant une exposition persistante aux chocs extérieurs.
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Plan de l'article
Où en est l’inflation en France à la mi-2024 ?
La décrue de l’inflation s’affirme mois après mois. L’indice des prix à la consommation (IPC), publié par l’Insee, progresse de 2,1 % sur douze mois en juin. Après deux années de surchauffe, la machine retrouve un certain calme. Ce retour à la normale s’explique notamment par la baisse des prix de l’énergie et la stabilisation des produits alimentaires. Un soulagement se fait sentir sur les tickets de caisse, même si la pression ne disparaît pas partout.
Il reste cependant des zones de tension. Les prix des services poursuivent leur ascension, autour de 3 % sur un an, alimentés par la progression des salaires et une demande soutenue dans le tertiaire. Côté biens industriels, l’accalmie se confirme. Les hausses s’essoufflent sur l’équipement domestique, l’automobile ou le textile. L’alimentaire, après deux années de flambée à deux chiffres, ne grimpe plus que d’environ 1,5 %.
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La Banque de France, dans sa dernière analyse, évoque une croissance du PIB modérée, +0,7 % attendus sur 2024. Cette dynamique limitée contribue à freiner la hausse des prix. Du côté des ménages, la prudence reste de mise, freinée par des prix encore élevés dans certains secteurs et une vigilance persistante face à une potentielle remontée des taux d’intérêt.
Comparée à ses voisins, la France se distingue par une inflation inférieure à la moyenne de la zone euro. Selon Eurostat, la zone atteint 2,6 % en juin 2024, tirée vers le haut par l’Allemagne et l’Espagne. Ce différentiel souligne la particularité hexagonale : la régulation sur l’énergie et sur quelques produits stratégiques joue toujours un rôle d’amortisseur.
Quelles sont les prévisions des principaux instituts pour fin 2025 ?
Les experts s’accordent sur un point : l’inflation retrouve enfin un rythme plus prévisible, sans pour autant effacer totalement le souvenir des excès récents. Les instituts anticipent une stabilisation autour de 2 %, loin des sommets de 2022 mais sans retour aux niveaux d’avant-crise.
La Banque de France vise un taux d’inflation (IPC) d’environ 1,7 % pour le dernier trimestre 2025. L’Insee prévoit pour sa part une progression annuelle moyenne proche de 1,8 %, selon ses dernières analyses. Ces estimations rejoignent l’objectif affiché par la BCE : maintenir l’inflation de la zone euro juste sous les 2 %.
Voici comment les principaux instituts positionnent leurs prévisions :
- Banque de France : 1,7 % (prévision IPC, fin 2025)
- Insee : 1,8 % (moyenne annuelle 2025)
- BCE : 1,9 % (zone euro, rythme annuel 2025)
- OCDE : 1,9 % (France, projection 2025)
La France affiche donc, selon Eurostat, une inflation légèrement en retrait par rapport au reste de la zone euro. La croissance du PIB devrait rester contenue, avec 1,1 % prévu sur 2025 par la Banque de France. Les choix des banques centrales concernant les taux d’intérêt influenceront la trajectoire, mais personne ne s’attend à une flambée soudaine des prix.
Les instituts appellent à la vigilance sur plusieurs points : le prix de l’énergie et la pression sur certains services pourraient encore provoquer des variations ponctuelles. Néanmoins, la tendance centrale reste celle d’un apaisement progressif, tout en gardant à l’esprit les aléas internationaux.
Facteurs clés : ce qui pourrait influencer la tendance inflationniste
L’évolution des prix à la consommation jusqu’à fin 2025 ne dépend pas du hasard. Plusieurs leviers majeurs s’imposent dans l’équation. En première ligne, le prix de l’énergie. Gaz, électricité et pétrole restent les marqueurs déterminants de l’indice des prix à la consommation (IPC). Un rebond des prix mondiaux se traduirait aussitôt sur les factures françaises, impactant directement les projections de la Banque de France et de l’Insee.
Autre facteur à surveiller de près : les droits de douane. Les tensions commerciales, notamment avec les États-Unis, qui pourraient s’accentuer en cas de nouvelle administration Trump,, installent un climat d’incertitude. Une hausse des droits de douane sur les importations ou des mesures de rétorsion renchérirait le coût des produits importés, affectant l’indice des prix sur le territoire français.
La politique monétaire pèse également dans la balance. Une baisse des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne pourrait stimuler la demande, entraînant une remontée des prix des services et de l’alimentaire. À l’inverse, un maintien de taux élevés pèserait sur la croissance du PIB et limiterait la hausse des prix.
Enfin, l’évolution des marchés émergents, en particulier la Chine, reste à l’agenda des économistes. Un ralentissement ou une perturbation des chaînes d’approvisionnement aurait des répercussions immédiates sur les prix à la consommation en France et dans la zone euro.
Risques à surveiller et scénarios possibles pour les ménages et l’économie
Les prévisions d’inflation pour fin 2025 se déclinent en plusieurs scénarios. Le scénario central, partagé par l’Insee et la Banque de France, mise sur une inflation autour de 2 % en France et dans la zone euro. Ce rythme modéré s’accompagne d’une croissance du PIB faible mais positive, d’un marché du travail solide et d’une consommation stabilisée. Les ménages pourraient alors retrouver progressivement un peu de pouvoir d’achat, à condition que les prix de l’énergie restent sous contrôle et que la situation internationale ne se détériore pas.
Mais la prudence reste de mise. Un durcissement des droits de douane américains sur les produits européens, une envolée des prix du pétrole ou une crise sur les marchés émergents, notamment en Chine, pourraient faire basculer la donne. Dans ce cas, la croissance vacillerait et la hausse des prix repartirait à la hausse. Face à ce contexte imprévisible, l’État devra jongler entre soutien à la consommation, rigueur budgétaire dictée par l’Europe et gestion d’un déficit public déjà bien installé.
Pour les ménages, la question des arbitrages budgétaires s’impose : faut-il réduire la part consacrée à l’alimentation, à l’énergie, au logement ? La pression sur les négociations salariales monte, tandis que la dette publique limite la capacité de l’État à absorber les chocs en cas de conjoncture défavorable. Quant aux entreprises exportatrices, leur avenir dépendra de la solidité des partenaires commerciaux et de leur faculté à encaisser ou répercuter les hausses de coûts.
À l’horizon 2025, la France avance sur une ligne de crête : vigilance sur l’inflation, œil rivé sur les chocs extérieurs, et la certitude que chaque variable, énergie, commerce mondial, politique monétaire, peut encore bousculer la donne. Le futur de l’inflation se joue désormais à chaque tournant du calendrier économique.